Monsanto et les OGM : quelle pertinence ?

Ce 18 juillet 2013, Monsanto a décidé de retirer ses demandes sur la mise en culture de plantes transgéniques en Europe à l’exception du maïs MON 810. Présenter comme un événement en réaction à l’attitude négative des Européens vis-à-vis des plantes transgénique, il ne s’agit en fait qu’un effet de communication sans substance. J’en parle avec la Libre Belgique (version pdf : 130719_LaLibre_Monsanto).

Voir aussi l’ensemble du dossier OGM sur le site.

Cet abandon des cultures OGM par Monsanto, c’est un changement de stratégie radical ?

Pour moi, ils n’abandonnent pas grand-chose. En Europe, les agriculteurs qui utilisent des semences OGM Monsanto (par exemple qui résistent aux insectes, comme le MON810), c’est un phénomène marginal, limité à l’Espagne et au Portugal. Cela concerne environ 67 000 hectares en Espagne, et 4 500 au Portugal. Les semences OGM, dont la majorité viennent de Monsanto, poussent sur 170 millions d’hectares dans le monde… Plutôt qu’un changement de stratégie, c’est une opération de com’. Les OGM que Monsanto produit ont peu d’intérêt pour les agriculteurs européens. En fait, Monsanto proposait des produits inadaptés à l’agriculture européenne et la probabilité de faire monter les ventes était illusoire. Elle vend en Europe le produit qu’elle vend aux Etats-Unis, prévu pour des monocultures à grande échelle. Et ça ne risquait pas de changer.

Monsanto se concentrera sur l’importation. Une surprise ? 

Non. En fait, ils feront ce qu’ils font déjà. L’essentiel de leur chiffre, c’est déjà l’importation d’aliments pour bétail (soja, maïs et coton transgéniques). Comme pour la mise en culture, il faut une autorisation de l’Europe pour importer des produits contenant des OGM. Mais dans tous les cas, quand une demande a été introduite, l’autorisation européenne, que ce soit pour la culture ou l’importation, a été donnée. Les dossiers européens sont peut-être complexes, mais en bout de course, l’autorisation arrive.

Cette annonce signifie qu’il y aura davantage d’OGM en Europe ?

A priori, non. La nourriture pour animaux (maïs et soja) importée en Europe, est déjà essentiellement OGM. Même si aucun étiquetage ne le précise quand on achète la viande. Et quand aux aliments OGM conçus directement pour notre assiette, il y a peu de demandes d’autorisation actuellement (pour une mise sur le marché dans trois ou quatre ans). Il n’y a pas d’indications qu’il faille s’attendre à une augmentation. Pour les aliments consommés directement, il y a une obligation d’étiquetage et donc l’image des distributeurs peut aussi être en jeu. Le rapport coût/bénéfice pour un aliment direct est défavorable. Peut-être y aura-t-il un changement si les OGM apportent une caractéristique particulière (bon pour la santé…) à une nourriture. Mais pour le moment, ce n’est pas le cas. Les bénéfices des OGM ne concernent que les plus gros agriculteurs. (So. De.)

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